Comment sauver les chemins vicinaux du Donderberg ?
Laeken, le 27 avril 2021. La commission de concertation de la Ville de Bruxelles, tenue le 23 mars 2021, a récemment rendu un avis favorable sur la suppression partielle des chemins vicinaux n°14 et 29 et du sentier vicinal n° 71 au Donderberg. La riposte s’organise.
Le sujet du Donderberg, menacé par le projet immobilier HOP4 de la Ville de Bruxelles, a défrayé la chronique ces derniers mois. En revanche, le risque qui pèse sur les chemins et sentier vicinaux sillonnant le site est passé relativement inaperçu auprès du grand public . En effet, il n’y pas seulement eu une mais deux enquêtes, l’une relative à la demande de permis d’urbanisme pour la construction de l’école et l’autre concernant la demande de suppression de vieux chemins qui entravent le projet de la ville.
L’enquête préalable sur la suppression des vicinaux, du 27 janvier au 25 février, a néanmoins suscité plus de 300 réactions émanant d’habitants du quartier et de sympathisants s’opposant spécifiquement à la décision provisoire de suppression prise par le conseil communal le 22 juin 2020. Comme le souligne une habitante « nous n’avons même pas eu la possibilité d’introduire une interpellation, car la publication en ligne de l’Ordre du Jour a été faite moins de 10 jours avant la date du conseil communal » , alors que le délai requis pour une interpellation est de 14 jours.
Les chemins et sentier vicinaux du Donderberg
Trois vicinaux sillonnent le site, le sentier n°71, à l’ouest du site, longe le versant de la rue du Mont Saint-Alban, tandis que les chemins n°14 et 29 y donnent accès par le sud et par le sud-est (entrée de Bruxelles-Environnement). Ces voiries historiques ont été illicitement confisquées à la population, par la pose de clôture et de portails, depuis 40 ans. Néanmoins les habitants du quartier – et pas que les riverains – n’ont jamais cessé d’emprunter ces cheminements ainsi que d’autres voies de circulation apparues au fil des années, s’accommodant, des entraves mises à leur libre circulation.
C’est que, pour la plupart, ils ne savaient pas qu’il s’agissait de chemins et sentiers vicinaux qu’ils sont en droit d’emprunter. Mais à présent qu’ils le savent, pourquoi donc en feraient-ils le sacrifice ?
Des vrais-faux chemins disparus et désaffectés
Les motivations de la décision du conseil communal telles que reprises dans l’arrêté et dans l’enquête déclarent ces voiries soit disparues, soit hors d’usage, soit inutilisables et inutilisées. Ces « attendus » ont été contredits par le quartier dans les objections écrites et le 23 mars dernier, dans les présentations orales lors de la commission de concertation, tenue en ligne sur la plate-forme Zoom : les Comité de quartier Donderberg, ASBL Laeken.Brussels et collectif Save Donderberg ont présenté leurs arguments pour le maintien des vicinaux sur le site et contre l’octroi du permis d’urbanisme sur le site naturel pourtant repris au PRAS en zone d’équipements publics depuis 2001.
L’accès aux Serres du Stuyvenberg
Deux présentations étaient consacrées à la cruciale question des vicinaux. Celle du Comité de quartier Donderberg se concentrait sur le chemin vicinal n°14, qui mène en droite ligne aux serres de Bruxelles-Environnement et dont la restauration vient de commencer. Il est prévu de longue date de les rendre accessibles au public, ce qui devrait se faire dès l’été 2022. Le chemin vicinal n° 14 est le cheminement naturel pour y accéder : depuis la ruelle – « sans issue » (dit le collège) – en vis-à-vis de la rue des Chrysanthèmes (voir panneau d’indication), il conduit jusqu’aux serres et à l’escalier de pierre en contrebas des Jardins du Fleuriste, dans l’axe de symétrie des deux bassins. Ce projet d’architecture de jardin dû à Émile Lainé et datant de Léopold II, que la Région a restauré et dont la réhabilitation des serres est la suite naturelle, trouve tout son sens dans la perspective offerte depuis le chemin vicinal n°14. Sa suppression au profit d’un accès via l’allée de l’IBGE serait une ineptie et une occasion manquée !
Cheminements en usage
Laeken.Brussels a, pour sa part, fait le point sur la situation existante des cheminements sur le Donderberg. Il a été prouvé point par point que le chemin n°29 existe encore et est très utilisé, tandis que le chemin n°14 n’a pas totalement disparu et continue aussi à être emprunté. Le sentier n°71, dont le projet HOP4 pourrait faire usage, mais cependant voué à disparaître d’après l’enquête, a fait l’objet d’un « massacre à la tronçonneuse » en novembre 2020. La Régie foncière y a procédé notamment à l’abattage d’arbres à hautes tiges parfaitement sains, en l’absence de permis. Laeken.Brussels, a, en outre, présenté les autres cheminements présents sur le site, que l’arrêté du conseil communal mentionne explicitement. L’ASBL laekenoise a ironiquement mis en doute la volonté de la ville de « mettre en conformité le droit et l’usage » : si c’était le cas, pourquoi ne pas régulariser ces multiples cheminements en usage au lieu de vouloir les supprimer tous ?
Patrimoine historique des chemins vicinaux
L’ARAU (Atelier pour la Recherche et l’Action Urbaine asbl), présente à la commission de concertation, a également pris la défense du Donderberg et enjoint la Ville de revoir sa copie en protégeant le patrimoine historique que représentent les chemins vicinaux. L’ARAU, qui avait publié une analyse à la veille de la CC, appelle la Ville à « conserver ce site exceptionnel en l’état » et à y « donner accès à la population », rappelant aussi qu’il s’agit d’un terrain provenant de la Donation royale.
L’avis favorable de la commission de concertation sonne-t-il le glas des chemins vicinaux ?
Rien n’est moins sûr ! Les comité et ASBL comptent, en effet, faire usage de leur droit de recours devant le gouvernement régional. Mais pour l’heure, le conseil communal, fort de l’avis favorable, doit d’abord procéder au vote de la suppression définitive, qui sera suivi par une publication par la Région de l’annonce de la décision. Ce sera alors le moment de recourir.
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