Fact checking des arguments exposés par le Bourgmestre ou son Echevin, M. Zian (article paru dans le journal Le Soir)
Il s’agit ici de la réaction à un article du Soir sur le projet HOP3 (2019) La réaction reste pertinente,mais les chiffres doivent etre mis à jour
1. “On a besoin d’école” martèle Philippe Close
C’est une antienne bien commode.
Deux éléments à prendre en compte, on manquait effectivement de places dans le fondamental il y a 10 ans au moment où fut (mal) pensé le projet. Entre-temps des établissements scolaires ont vu le jour à Laeken et la démographie a elle considérablement mué.
Rappelons que des opportunités de construire une école à proximité ont été ratées (ex: projet vanderggoten à 200m). Il y a aussi des bâtiments scolaires à l’abandon (ancienne académie de musique à 300 m)
Même si des places étaient encore nécessaires, ce n’est pas de cet ordre de grandeur et ce n’est pas au nom de ce besoin que la destruction d’un site naturel ou l’aggravation des problèmes d’inondation peuvent être conduit.
Lire à ce propos notre analyse de la démographie
2. “Notre projet c’est la ville à 10 minutes”
Même sans compter les 4.000 (!) places scolaires du quartier qui n’ont l’air de compter parce qu’elles ne relèvent pas de l’enseignement communal ou de l’enseignement francophone, l’école Steyls est-elle bien à 10 minutes à pied et est loin d’être à saturation.
Le projet HOP a été pensé pour répondre à la création de logement dans le cadre de Néo. Le Donderberg est à plus de 20 minutes à pied du Heysel. Entre temps il est prévu de construire une école dans le cadre de NEO. Pourquoi aucune école fondamentale n’est-elle prévue dans le cadre de Néo ?
La ville à 10 min devrait aussi prévoir des parcs. Le Donderberg est à 10 min de la place Bockstael. C’est l’espace vert le plus proche.
3.”Le projet Hop figure dans l’accord de majorité”
Ce n’est pas le projet qui figure dans l’accord de majorité mais la construction d’une école fondamentale, on ne parle pas d’y faire du logement. L’accord de majorité prévoit par ailleurs une ‘école’, sans préciser son gabarit. Et qu’en est-il des barres d’appartements et du hall sportif semi-enterré qu’on essaie de lier au projet et qui le rend si exagérément dense ?
4. “Ce sera une école de quartier” cingle Khalid Zian. “Dans ce cas 48% viennent à pied, 30 en transport en commun.”
Une école de quartier de 700 élèves ? Mais de quel quartier parle-t-on ? Le quartier des horticulteurs ne compte même pas 400 logements. Personne ne vit à l’Est du Donderberg (Domaine royal) au Nord du Donderberg (parcs et domaine du château du Stuyvenberg), au Sud : complexe scolaire et cimetière de Laeken. Sa situation excentrée ne pourra qu’entraîner une utilisation intensive de la voiture (comme on l’observe pour les écoles déjà présentes dans le quartier et non prises en compte dans l’étude d’incidence).
Quand bien même on partirait des chiffres hors-sols de 20% d’enfants venant en voiture, cela équivaudrait au vu de la taille de l’école à 150 véhicules (selon la moyenne régionale, c’est au moins le double) auquel ajouter l’encadrement de ce mastodonte, les habitants des nouveaux immeubles d’appartements et leur parking de 119 places, tout ça sur une voirie réduite (au point qu’ils prévoient dans l’étroite rue des horticulteurs de transformer la moitié du stationnement en zone kiss and ride).
Comment un quartier déjà complètement saturé par les déplacements dus aux établissements scolaires qu’il compte déjà, pourrait-il absorber plus de véhicules encore.
La Ville crée du chaos au détriment des établissements existants et des habitants.
5. “On maintient 60% d’espace vert contre 40% de bâti”, martèle l’échevin.
M Zian semble compter dans les espaces verts, les voiries, le stationnement et les cours de récréations bétonnées. Nous n’avons pas la même conception des espaces verts.
Sans compter l’atteinte irrémédiable à ce refuge pour la faune et la flore, la bétonnisation du Donderberg représente une menace supplémentaire inacceptable sur un quartier déjà régulièrement et durement touché par les inondations.
6.”Mais pour l’instant [le Donderberg] est fermé au public”, s’étrangle Khalid Zian.
Fermé au public par qui ? Par la Ville, propriétaire et illégalement d’ailleurs puisqu’elle empêche l’accès de chemins vicinaux existants. Les riverains ne sont pas du tout opposés à ce que cette zone ait une fonction d’utilité publique ! Ils alertent seulement contre le projet hors-proportion envisagé !
7.”Je ne comprends pas comment au nom d’un syndrome nimby on s’oppose à la construction d’école et de logements (…) Quoi qu’il en soit nous maintenons le projet parce que nous sommes confrontés à des urgences sociales et climatiques”
Les habitants ne sont pas opposés à l’ouverture du lieu au public, au contraire. Il demande un projet raisonnable.
C’est bien un problème de vision qu’à l’air d’avoir une certaine vieille garde politique bruxelloise. En voulant mener une politique du chiffre sans prendre en compte le bon aménagement du territoire, les mêmes trouveraient normal de construire des tours de logement au milieu de la forêt de Soignes, ou faire de la grand place un parking.
On attend de la Régie foncière non qu’elle joue au promoteur, mais qu’elle pallie aux problèmes de la Cité. Ici, des problèmes, elle en crée. La sacro-sainte densification ( Rappelons que Laeken a déjà fait beaucoup plus en matière de densification que le reste de la région) peut se faire en passant par de la rénovation et de la réaffectation de bâti existant et non en bétonnant les espaces verts dont manque justement cruellement les quartiers populaires.
Est-on bien en 2020 ?