De tous temps les paysages de Laeken ont inspiré les peintres paysagistes. Ci dessous un tableau d’ Andreas Martin montrant la drève Saint-Anne au 18 siècle et le Donderberg à droite.
Ancienne pépinière du Domaine royal cédée en 1900 par Léopold II à l’État belge dans le cadre de la Loi sur la Donation royale, le Donderberg recèle encore des traces de son passé horticole. On y recense notamment des fruitiers anciens, dont des cerisiers et des pommiers en quantité, et treize arbres remarquables inscrits à l’inventaire de la Région bruxelloise. Le Donderberg fait partie de l’ensemble constitué par les Jardins du Fleuriste et les serres du Stuyvenberg. Il est traversé par un sentier et deux chemins vicinaux.
Exploité jusque dans les années 1950, il est acquis en 1969 par le CPAS de la Ville de Bruxelles, qui le clôture. En 1993, le CPAS prévoit d’y construire des tours d’habitation, suscitant une levée de bouclier des habitants, et la naissance du comité de quartier Donderberg (qui existe toujours).
Laissé à l’état sauvage depuis plus de 50 ans, la nature – faune et flore – y a pleinement repris ses droits. En plus d’être un site à valeur patrimoniale vu son lien historique avec les parc royaux, Le Donderbeg est un vrai poumon vert !
En 2001, une changement d’affectation au Plan régional d’Affectation des Sols (PRAS, en jargon urbanistique) lui attribue la nouvelle fonction de “zone d’équipement d’intérêt collectif”. Ce changement d’affectation est fait sans tambour ni trompette, si bien que les habitants du quartier ne l’apprennent que bien plus tard, à leur dépens.
Dès 2011, les premières mentions d’un projet d’école apparaissent dans la presse, suscitant la réaction du Comité de quartier, qui cherche à établir un contact avec la Ville pour en savoir plus et plaider en faveur d’un autre emplacement. En effet, un autre projet de taille préoccupe déjà le quartier, à savoir l’installation de l’énorme École européenne IV entre le rue Médori, l’avenue des Robiniers et la Drève Sainte-Anne, à l’emplacement de l’ancienne école des Cadets (encore plus anciennement Caserne des Grenadiers), avec ouverture planifiée pour septembre 2012.
Rien n’y fait. Depuis 2013, la Régie Foncière de la Ville de Bruxelles, poussée dans le dos par le promoteur Delens, veut y ériger un projet hors-norme: un établissement scolaire mammouth pour 670 élèves, un hall sportif semi-enterré (qui accueillera sur son toit une des cours de récréation (sic)) ainsi que des logements.
En 2016, le projet HOP (pour Horticulteurs-Perruches) débarque. La première enquête publique a lieu au printemps et prévoit 75 logements (trois barres de logements) sur le haut du site, tandis que l’énorme école occupe le bas. Le comité de quartier et les habitants se mobilisent et prennent part en nombre à la commission de concertation, dont l’avis sera défavorable.
De retour un an plus tard, au printemps 2017, le projet HOP2, a réduit le nombre de logement à 45 en supprimant une barre de logement, mais l’emprise au sol est toujours de 14000 m2 de surface bétonnée. Les permis sont cette fois néanmoins accordés. Les habitants, décidés à obtenir gain de cause, se lancent alors dans une saga administrative et judiciaire.
Alors que le Conseil d’Etat, au vu des irrégularités constatées, suspendait dans l’urgence les permis d’urbanisme d’HOP2, et que des voix au sein de la nouvelle majorité laissaient entendre une remise à plat du projet en concertation avec les habitants, la Régie n’attendant ni la décision finale du Conseil d’Etat, ni la concertation, introduit en septembre 2019, parallèlement à la procédure HOP2 toujours en cours, une nouvelle demande de permis – HOP3 – à peine corrigée à la marge, à la stupéfaction des riverains.
Une fois de plus, les habitants, comité et associations unissent leurs force – le collectif Save Donderberg voit le jour – pour empêcher la réalisation dudit projet. Le 3 mars 2020, la commission de concertation rend un avis favorable sous conditions sur HOP3 : tandis que le projet d’école est maintenu, les logements ne seront plus sur la partie nord du site mais devront être implantés le long de la rue des Horticulteurs.
Fin janvier 2021, le projet HOP4 est arrivé : les nouveautés sont les 8 logements et commerce/établissement horeca en lisière de site et la réduction de l’empris au sol à 9300 m² de surface bétonnée. Néanmoins, le nombre d’arbres sacrifiés n’a pas diminué… Encore une occasion manquée de présever le site. Découvrez le projet HOP4
Les habitants du quartier Donderberg ont toujours cherché à être constructifs et sont ouverts à une utilisation raisonnée de cet espace (voir les projets alternatifs soumis au fil des années). Le programme proposé par le promoteur, dense et aux forts impacts négatifs, ne s’adapte en revanche pas du tout à cette parcelle enclavée. D’autres projets d’intérêt collectif y trouveraient bien mieux leur place, tout en respectant la nature et l’histoire des lieux.
Alors que d’aucuns militent pour l’ouverture du Domaine royal voisin, le Donderberg qui en faisait partie est, lui, directement en péril. Face aux multiples défis de l’urgence climatique, il va de notre responsabilité de préserver ces espaces naturels en milieu urbain. Sauvons le Donderberg !